L’obligation de réduire drastiquement notre impact écologique quand le travail rémunéré sous sa forme actuelle quand les modes de production et de consommation concourent en grande partie à la destruction de la planète ?
Les intervenants
Carole Lipsyc est une épistémologue, ingénieur des connaissances, docteur en sciences de l’information et de la communication associée au Laboratoire Paragraphe (Paris 8). Elle a publié en 2024 le livre, aux éditions de l’Aube, « L’activité contributive – Ce que nous sacrifions à la richesse » pour faire reconnaitre l’importance vitale de l’activité contributive.
Bernard Friot est un sociologue et économiste, professeur émérite à l’université de Paris-Nanterre qui s’est notamment fait connaitre en théorisant le « salaire à vie ». Son dernier livre, coécrit avec Bernard Vasseur et publié en 2024 à La Dispute, est « Le communisme qui vient ».
Jean Pascal Derumier est un contributeur citoyen engagé dans différents collectifs dont l’Université du Bien Commun. Il est l’auteur de différents ouvrages sur l’innovation et sur la nécessité de redonner le pouvoir aux citoyens à l’échelle locale dans la transition.
L’obligation de réduire drastiquement notre impact écologique en allant vers une nécessaire sobriété nous met face à une double question abyssale : comment continuer à encourager si exclusivement le travail rémunéré sous sa forme actuelle quand les modes de production et de consommation qu’il sert concourent en grande partie à la destruction de la planète ? Mais aussi comment, si on réduit la voilure du travail productif anthropique, permettre à chacun de vivre décemment et dignement en continuant de contribuer à la production de la valeur dont la société a besoin pour continuer à se développer ?
Aujourd’hui, pour l’immense majorité, il est devenu inimaginable de penser les logiques de développement de nos sociétés et de notre bien être en dehors du champ économique. C’est le piège de l’économisme dans lequel notre modernité nous a enfermés et l’illusion que continuent à alimenter les économistes qui entretiennent la fable de la croissance. L’équation « travail contre pouvoir d’achat » est en effet devenue le cœur de notre contrat social actuel où seules les contributions économiques donnant lieu à des échanges monétaires ouvrent à des possibilités de développement et permettent à chacun de vivre dans notre société. Les autres formes de contribution non marchandes de tous et de toutes, pourtant essentielles au fonctionnement de notre économie, à la préservation de nos biens communs et plus largement aux équilibres de notre société, ne sont pas reconnues à leur juste valeur, voire même pas reconnues du tout. La question de la contribution est donc centrale. Mais, pour faire face aux triples enjeux économiques, sociaux et écologiques du monde à venir, il faudrait aller plus loin que la seule reconnaissance des contributions non marchandes actuelles et en encourager le développement.
Les contributions non marchandes portent en effet en germe la possibilité de développement d’une économie non marchande par laquelle nous serons en mesure de répondre à l’impératif de réencastrement de l’économique dans le social et l’environnemental, hors duquel aucune rupture avec l’ordre actuel n’est possible. Cette économie alternative, pour être opérante, devrait être pilotée avec le même sérieux que l’économie marchande dont elle serait, tout à la fois, le contrepoids et le complément … jusqu’à peut-être un jour prendre complètement sa place. Pour cela, il nous faudrait non seulement nous entendre sur un nouveau projet politique tourné vers la sortie d’une économie de marché, mais aussi nous doter d’outils économiques et sociaux incitant les acteurs du territoire à plus de solidarité, plus de responsabilités, plus d’implication sociale, plus d’action collective concertée et auto-organisée autour de la création du bien commun … bref à une citoyenneté créatrice de valeur non marchande.
Cette réflexion s’inscrit dans la continuité des idées défendues par Jean Pascal Derumier, dans son livre « Pour une société contributive – Une intelligence collective en émergence » et qu’il prolonge dans son livre à venir « De la performance à la résilience – Un nouveau projet de société ». Il nous fera part, sur la base de ses travaux, de la nature et la diversité des outils/méthode/concepts nécessaires au développement d’une économie productrice de forces de vie. Nous explorerons ensuite avec Carole Lipsyc la nature et la profondeur de l’activité contributive sur laquelle est adossée notre économie actuelle pour en tirer des pistes d’évolution vers le monde à venir. Pour finir, nous verrons avec Bernard Friot comment le salaire à vie pourrait constituer la base économique et sociale d’une société où chacun serait à même de « choisir les activités qui correspondent à ses goûts et à sa déontologie et surtout qui répondent à l’urgence de la rupture écologique et aux besoins sociaux ».
PROGRAMME
18h10 – Accueil des participants
18h30 – Ouverture et introduction de la session par l’UBC
18h40 – Interventions, dans l’ordre, de Jean Pascal Derumier, Carole Lipsyc et Bernard Friot
20h10 – Echanges et débats avec la salle
20h55 – Clôture session
L’UNIVERSITÉ DU BIEN COMMUN À PARIS
Identifier, faire connaître et reconnaître les biens communs comme des spécificités démocratiques, écologiques, économiques et juridiques.
Initiée en 2017 par Riccardo Petrella, Frédéric de Beauvoir et Cristina Bertelli – avec Yovan Gilles et la revue Les périphériques vous parlent -, rejoints par les membres fondateurs, l’Université du bien commun à Paris est dirigée par un comité de pilotage qui oriente et organise les activités.
Des intervenant.e.s, sympathisant.e.s et collaborateur.rice.s, un réseau de chercheur·e·s, spécialistes, juristes, praticiens de la biodiversité, des militant·e·s associatifs, des parlementaires et des collectifs de citoyens permettent d’affirmer son rôle d’Université, populaire et collégiale, de développer et de renouveler ses interventions, de suivre les évolutions concernant les biens communs en France et dans le monde.
Les enregistrements sonores et vidéo des sessions d l’Université du bien commun à Paris sont diffusés sur le site internet de l’Université et font l’objet d’émissions radio sur Radio Fréquence Paris Plurielle
🥗☕️🍻 La Buvette de l’Académie est ouverte du mercredi au samedi de 11h à minuit !
Au déjeuner, venez déguster des plats végétariens, de saison et ultra locaux cuisinés par Sumac & Romarin. Au goûter, des gâteaux et pâtisseries et en soirée des petits plats à partager. À toute heure, bières, vins, boissons chaudes et fraîches !