La Seine n'a pas été dans le passé un fleuve tranquille. On retrouve des traces de ses mouvements par transmission dans la forme des quartiers de Paris ou dans la boucle de Saint-Germain-en-Laye. À travers les changements historiques du fleuve, s'élabore un récit des anciens changements climatiques, notamment du Petit Âge Glaciaire (XIVe-XIXe s.).
Cycle de conférences proposé par l’Association Française d’Archéogéographie (AFAG) : Quand les climats changent, les paysages s’inversent
Les inversions de paysages qui se sont produites fréquemment dans le passé sont-elles révélatrices de changements climatiques ? Comme c’est le cas, que pouvons-nous en conclure ? Le cycle de conférences de l’Association française d’archéogéographie (AFAG) entend mettre la question du changement au centre du propos et proposer un récit qui prédispose à changer. Mais les exemples du passé sont également porteurs d’un message encore mal perçu : on ne change pas si on le fait dans la brutalité et la violence de l’économie destructrice. Changer n’est pas détruire, changer c’est transformer tout en transmettant.
La Seine ? Un long fleuve pas si tranquille…
par Hélène Noizet, historienne, maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’université Paris 1, membre du Comité d’Histoire de la Ville de Paris et Émilie Cavanna, archéogéographe, docteure de l’université de Paris 1, Pôle archéologique de la ville de Paris (DHAAP)
Alors que le risque de crue centennale réapparaît chaque année, les sociétés contemporaines ont oublié à quel point la Seine n’est pas un fleuve tranquille, qui s’écoule bien sagement dans son lit. L’histoire du fleuve repose sur les variations de son débit, lui-même lié aux changements climatiques comme le refroidissement observé entre le XIVe et le XIXe s. en Europe. Celui que l’on nomme le Petit Age Glaciaire (ou PAG) a laissé des traces, notamment dans les formes du paysage qui enregistrent les réponses des sociétés aux modifications de leur environnement. À travers deux exemples, l’un à Paris même – la censive de Sainte Opportune ou ceinture maraîchère médiévale qui trahit la forme d’un très ancien lit –, et l’autre – la boucle de Saint-Germain-en-Laye (78) – partons à la rencontre de quelques anciens méandres, anciens chenaux et anciennes îles de la Seine.
Flyer du cycle de conférences proposé par l’AFAG
Fondée le 16 février 2023, l’Association Française d’ArchéoGéographie (AFAG) se veut être un espace de rencontres et d’échanges sur un thème vaste : celui des paysages et des territoires étudiés dans la longue durée pour en distinguer les héritages anciens et les effets de mémoire qui résonnent encore dans le présent.
Après deux décennies d’existence sur le plan scientifique (en France, Portugal, Italie), la discipline archéogéographique dispose d’un véritable socle (un « traité », des publications programmatiques, des enseignements universitaires, des applications sociales), et vient d’être reconnue par le Ministère de l’Enseignement Supérieur de la recherche et de l’Innovation (MESRI) comme « discipline rare » à observer et à conforter.
Le moment est aujourd’hui venu de dépasser le cap de discipline rare pour aller vers celui de discipline de référence et de transfert pour la connaissance historique, pour la valorisation des patrimoines et des paysages, pour l’aménagement, bref une discipline qui ambitionne de démontrer concrètement ce qu’une bonne connaissance géographique peut apporter au problème de l’enchevêtrement des formes planimétriques et des droits dans les villes et les territoires (le « mille-feuilles territorial »).
Le choix de fonder une association répond donc au besoin d’assurer le transfert de la connaissance scientifique fondamentale portée par les institutions universitaires, vers la société et de mettre en forme sociale les contributions scientifiques nouvelles sous des formes diverses allant du rapport d’expertise archéogéographique jusqu’à des activités ludiques de diffusion des savoirs.
🥗☕️🍻 La Buvette de l’Académie est ouverte du mercredi au samedi de 11h à minuit !
Au déjeuner, venez déguster des plats végétariens, de saison et ultra locaux cuisinés par Yes We Camp. Au goûter, des gâteaux et pâtisseries et en soirée des petits plats à partager. À toute heure, bières, vins, boissons chaudes et fraîches !