Blandine Tchamou docteure en sciences de l’éducation et de la formation propose un moment d’échanges sur la persistance du littering (déchets sauvages diffus) en France et dans le monde, fil conducteur de sa thèse de doctorat.
La question de la gestion adéquate des déchets vous intéresse-t-elle ?
Vous êtes les bienvenus à la présentation grand public de la thèse de doctorat en sciences de l’éducation et de la formation de Blandine Tchamou soutenue en 2022 à l’université de Corse et financée par l’Ademe et la ville d’Ajaccio. Au terme d’une enquête ethnographique menée dans son itinérance dans plusieurs régions et pays d’Europe et d’Afrique, elle s’interroge sur la persistance et la banalisation du littering qui sont les déchets sauvages diffus abandonnés dans l’espace public et identifiés dans le monde entier. Elle tente de comprendre pourquoi les personnes, même celles qui sont au fait des problématiques environnementales de par leur formation ou par militantisme, n’acquièrent pas pour elles-mêmes les compétences de gestion adéquate des déchets.
Le cheminement de Blandine Tchamou est le fruit d’une démarche de vie personnelle qui a commencé au Cameroun à Douala où dès son plus jeune âge 11 ans, il était question pour elle de trouver des espaces pour abandonner les déchets de sa famille. Plus tard, son intérêt pour l’environnement émane de plusieurs de ses voyages effectués d’abord au Nigéria (1997), puis en Suisse entre 1998 et 2001.
De retour au Cameroun en 2001, elle mène des actions d’éducation à l’environnement sans grand succès. Elle crée alors en 2004 au Cameroun l’association « Mieux-Etre » sous la bannière de laquelle elle mène jusqu’en 2013 des activités d’éducation à l’environnement tous publics. Les activités de l’association sont particulièrement centrées dans les établissements scolaires mis en lumière par l’organisation de trois éditions du « concours écoles net° ozone ».
Une bourse du gouvernement français lui est octroyée et elle arrive en France en 2013 pour une reprise d’études qui la mènent à la soutenance de sa thèse et qui se poursuit par un contrat post doctoral au Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Cent’ERE) de l’université du Québec à Montréal (UQAM).
En France, elle adhère à plusieurs associations notamment celles menant des actions pour l’environnement et elle crée en 2018 l’association SEE (Sociétés, Educations, Environnements) avec 46 personnes de plusieurs nationalités.
La thèse de Blandine Tchamou s’intitule « La ville éducatrice, à l’épreuve de l’éco civisme. La gestion des déchets comme repère et indice ». Son analyse s’appuie sur les préceptes admis en sciences de l’éducation et démontre qu’ils ne sont pas appliqués dans les politiques publiques mises en place. Pour ne citer qu’un exemple, les politiques publiques sur les déchets sont essentiellement basées sur le tri et la valorisation des déchets et invisibilisent les compétences acquises en amont qui sont nécessaires aux objectifs à atteindre.
Cette invisibilisation des niveaux de compétence conduit une partie de la population à « décrocher ». Les politiques publiques ne tiennent pas compte de la gradation des efforts en fonction du niveau réel, comme l’indique la règle de la zone proximale de développement énoncée par Lev Vygotsky. Cette thèse a permis d’identifier quinze préceptes pédagogiques admis en sciences de l’éducation et de la formation mais peu appliqués dans les politiques publiques visant la gestion adéquate des déchets. Elle contribue à l’acquisition de nouvelles connaissances et offre des pistes d’action pour notamment améliorer la propreté urbaine.
Le lien pour le téléchargement de la thèse de Blandine Tchamou https://theses.hal.science/tel-04202911v1/document
Modération : Julie PEGHINI et Christophe Bayle
Association partenaire : Graines populaires viessecretesdesdechets
L’association dénommée Sociétés Educations Environnements (SEE) est créée en 2018. Elle a pour but l’éducation sociale, à l’environnement et à la solidarité ici et ailleurs au travers des méthodes et recherches actives avec la volonté de faire naître et/ou d’accompagner les populations dans leurs démarches d’amélioration du vivre ensemble.
L’association SEE a porté auprès d’autres association le projet « Échangeons autour de ma thèse de doctorat» qui a pour but de participer à faire exister et à entretenir les échanges permanents entre le milieu de la recherche et la société.
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