Les impacts de l’industrie du textile

Notre empreinte carbone correspond aux émissions de gaz à effet de serre liées à notre mode de vie.
Les gaz à effet de serre sont des gaz présents dans l’atmosphère qui empêchent une partie de la chaleur émise par la Terre de s’évacuer dans l’espace.
Ils agissent un peu comme une serre, d’où leur nom ! Ces gaz sont naturellement présents dans l’atmosphère, et en leur absence la température moyenne à la surface de la Terre serait de -18 degrés. Toutefois, les activités humaines rejettent beaucoup de gaz à effet de serre, ce qui intensifie le phénomène et provoque un réchauffement global.
Le secteur du textile émet beaucoup de gaz à effet de serre et se développe rapidement : nous achetons 1,5 fois plus de vêtements qu’il y a 15 ans… et nous les conservons moitié moins longtemps ! Comme on le voit sur le camembert, 6% de notre empreinte carbone correspond aux vêtements que nous consommons.

Étape 1: La production de nos vêtements

L’industrie d’aujourd’hui : 

La production mondiale de vêtements a doublé entre 2000 et 2014.
– L’industrie de la mode entraîne l’émission de 1,2 milliards de tonnes de gaz à effet de serre par an.

L’industrie de demain :

Afin de respecter l’Accord de Paris, la production de vêtements doit être divisée par trois d’ici 2050
– Les fibres naturelles issues d’une agriculture locale et raisonnée doivent être privilégiées.

Les étapes types de la production d’un jean

1- Production des matières premières
>Inde
Le jean est produit à partir de coton. Notre consommation est telle que 5% des surfaces agricoles mondiales sont utilisées pour des cultures de coton ! 
Pourtant, la culture de coton, lorsqu’elle n’est pas biologique, est très gourmande en pesticides, en engrais et en eau : il faut 74 g de pesticides et 2 kg d’engrais pour produire 1 kg de coton. 
L’usage d’engrais azotés en excès émet du N2O, un gaz à effet de serre puissant.

2-Filage, Tissage & Teinture
>Chine
Le coton est filé pour obtenir des bobines de fil, qui sont ensuite tissées pour obtenir la toile de jean. Celle-ci est ensuite teinte. 
La couleur “bleu jean” est obtenue à partir de teinture indigo de synthèse, souvent rejetée sans traitement dans la nature après utilisation : chaque année, on estime que 140 000 L de teinture indigo sont rejetés dans la nature sans traitement. 

3-Fabrication des éléments du jean
>Japon, Australie, RDC
Du fait de la mondialisation de la spécialisation des industries, la production des différents éléments nécessaires est éparpillée aux quatre coins du monde. 
Par exemple, les rivets (petits boutons métalliques) sont fabriqués en Australie, la fermeture éclair vient souvent du Japon, et la République Démocratique du Congo fournit les boutons. 
En tout, le trajet parcouru par la toile du jean et les accessoires génèrent 2 kg de CO2 équivalent, soit 1/10eme de l’empreinte carbone du jean. 

4-Assemblage
>Tunisie
Une fois tous les éléments du jean réunis, ceux-ci sont assemblés avec des machines à coudre dans des usines consommant d’importantes quantités d’énergie. Les conditions de travail des ouvriers et ouvrières sont précaires et moins de 1% du prix final du jean leur revient.  

5-Délavage
> Bangladesh
La dernière étape de production consiste à donner un aspect usé au jean pour le rendre attrayant. 
La technique de délavage la plus utilisée est le sablage. Elle consiste à projeter du sable à haute pression sur les jeans. L’insuffisance des équipements de protection des ouvriers et ouvrières entraîne des maladies respiratoires et des cancers. 
D’autres techniques plus vertueuses telles que le laser existent mais sont peu utilisées du fait de leur coût plus élevé. 

6-Distribution
> France (Europe)
Le jean est ensuite acheminé en France pour y être commercialisé après avoir parcouru des milliers de kilomètres. Dans le monde, 73 jeans sont vendus chaque seconde !




Étape 2: Acheter et utiliser responsable

Global Organic Textile Standard GOTS
> Certification prenant en compte lES étapes de production et de distribution
-Environnement :
Vêtements composés au minimum de 70% de fibres naturelles, sans pesticides, herbicides ni OGM*
Absence d’intrants* contenant des substances dangereuses pour l’environnement
Traitement des eaux usées
Vêtements résistants conçus pour durer longtemps
-Santé consommateur :
Interdiction de produits chimiques dangereux pour la santé
(à caractère cancérigène ou perturbateurs endocriniens). 
-Social :
Pas de travail forcé ni de travail d’enfants

Réglementation des conditions de travail et salaires corrects
Garanties pour la sécurité et la santé des travailleurs Liberté d’association et de négociation collective

Écolabel européen
> certification prenant en compte les étapes de production et de distribution mais également l’utilisation, le recyclage ou l’élimination
Environnement :
Vêtement composé d’un minimum variable de fibres biologiques et recyclées
Limitation de l’usage substances dangereuses pour l’environnement
Traitement des eaux usées
Vêtements résistants conçus pour durer longtemps 
Santé consommateur :
Limitation de l’usage de substances dangereuses pour la santé
Social :
Ce critère n’est pas pris en compte

Origine France Garantie
> Certification prenant en compte les étapes de production et de distribution
-Environnement :
Ce critère n’est pas directement pris en compte
Santé consommateur :
Ce critère n’est pas pris en compte
Social :
Produit fabriqué en France (pas de conditions sur l’origine de la matière première)
50 à 100% du prix du vêtement acquit en France

Oeko-Tex
> Certification réalisée lors de la production
Environnement :
Ce critère n’est pas directement pris en compte
Certification additionnelle “recyclé” possible si le vêtement contient au moins 20% de matériaux recyclés
Santé consommateur :
Toutes les parties du vêtement sont testées pour ne pas dépasser des seuils de substances chimiques
Prise en compte de plus de 300 substances
Social :
Ce critère n’est pas pris en compte

Fairtrade
> Certification prenant en compte les étapes de production et de distribution
Environnement :
Vêtement composé de fibres naturelles sans OGM*
Limitation de l’usage substances dangereuses pour l’environnement
Gestion responsable de l’eau et des déchets
Santé consommateur :
Ce critère n’est pas directement pris en compte
Social :
Pas de travail forcé ni de travail d’enfants
Réglementation des conditions de travail
et salaires corrects
Garanties pour la sécurité et la santé des travailleurs
Petites entreprises en auto-organisation démocratique, prise de décision participative



Étape 3: fin de cycle des vêtements

Les ressourceries à Paris :

Les ressourceries sont des lieux de collecte, de réemploi et de revente d’objets usagés ou d’occasion. 
Issues de l’économie sociale et solidaire, ces structures sont souvent des associations ou des entreprises d’insertion qui s’inscrivent dans une démarche de préservation des ressources et d’économie circulaire.

Trouvez une ressourcerie près de chez vous !


Le lexique

Biodégradable : Un produit est dit biodégradable s’il peut être décomposé naturellement par des organismes vivants, par exemple des bactéries ou des champignons, en un temps donné (souvent 28 jours) et dans les conditions spécifiques prévues (température, taux d’humidité, etc). Attention, un produit biodégradable ne se décompose donc pas forcément dans un compost individuel, ni dans la nature, où les conditions nécessaires à sa dégradation ne sont pas réunies.

Biologique : Un produit biologique se caractérise par son mode de production visant à préserver l’environnement. Pour obtenir cette certification, la production doit exclure l’usage de produits chimiques de synthèse ainsi que des OGM (Organisme Génétiquement Modifié), et limiter l’utilisation d’intrants.

CO2 : Le CO2, ou dioxyde de carbone, est un gaz à effet de serre. Il est présent naturellement dans l’atmosphère. Les activités humaines (industries, transports…) sont à l’origine d’une augmentation de la concentration de ce gaz dans l’atmosphère, ce qui accentue l’effet de serre et entraîne un réchauffement.

CO2 équivalent : Le CO2 équivalent est une unité de mesure qui permet de calculer l’empreinte carbone d’un objet ou d’une action. En effet, la production d’un objet ou la réalisation d’une action peut entraîner l’émission de plusieurs gaz à effet de serre. Par exemple, la production d’un jean émet du protoxyde d’azote (N2O) lors des épandages d’engrais sur les cultures de coton, du dioxyde de carbone (CO2) lors du transport, etc. Ces gaz n’ont pas les mêmes capacités à empêcher la chaleur de s’évacuer : 1 molécule de protoxyde d’azote (NO2) vaut 300 molécules de CO2 ! On les convertit donc en CO2 équivalent. Cela permet ensuite d’additionner l’ensemble des gaz à effet de serre émis.

Délavage : Le délavage est l’action d’éclaircir une couleur, de donner un effet usé à un vêtement.

Empreinte carbone : Notre empreinte carbone correspond aux émissions de gaz à effet de serre liées à notre mode de vie.

Engrais : Un engrais est une substance ajoutée au sol pour favoriser la croissance des plantes, pouvant être d’origine naturelle (compost, fumier) ou de synthèse. Les engrais les plus utilisés en agriculture intensive sont les produits azotés de synthèse. L’azote est un nutriment essentiel au bon développement des plantes. Cependant, l’utilisation massive de ces engrais contamine les eaux et est à l’origine de la prolifération des algues vertes sur certains littoraux. De plus, l’épandage d’engrais en surplus conduit à la production d’un gaz à effet de serre puissant, le protoxyde d’azote (N₂O). Enfin, les engrais azotés participent aux pics de pollution de l’air.

Filage : Le filage est l’action de transformer une matière première en fil.

Gaz à effet de serre : Les gaz à effet de serre sont des gaz présents dans l’atmosphère qui empêchent une partie de la chaleur émise par la Terre de s’évacuer dans l’espace. Ils agissent un peu comme une serre, d’où leur nom ! Voici quelques exemples de gaz les plus connus : le dioxyde de carbone (CO2), la vapeur d’eau (H2O), le méthane (CH₄)… Ces gaz sont naturellement présents dans l’atmosphère, et en leur absence la température moyenne à la surface de la Terre serait de -18 degrés ! Toutefois, les activités humaines rejettent beaucoup de gaz à effet de serre, ce qui intensifie le phénomène et provoque un réchauffement global.

Intrants : Les intrants sont les produits ajoutés aux sols et aux cultures comme les engrais, les insecticides, etc.

KWh ou kiloWattheure : Le Wattheure est une unité de mesure d’énergie. L’énergie est une grandeur caractérisant le changement d’état d’un système. Par exemple, on consomme de l’énergie pour déplacer un camion, actionner une machine, faire tourner un lave-linge, etc.

Microplastique : Les microplastiques sont des particules de plastique d’une taille inférieure à 5 mm. Ils proviennent de la dégradation d’objets en plastique (comme les vêtements synthétiques, l’usure des pneus des véhicules, les filets de pêche, les déchets divers) ou de microbilles de plastique présentes dans certains produits du quotidien (lessive, produits de beauté, etc.).

N2O : Le N₂O, ou protoxyde d’azote, est un gaz à effet de serre puissant. Il est présent naturellement dans l’atmosphère. Les activités humaines, en particulier l’épandage d’engrais, sont à l’origine d’une augmentation de la concentration de ce gaz dans l’atmosphère, ce qui accentue l’effet de serre et entraîne un réchauffement.

Sablage : Le sablage est une technique industrielle pour délaver un jean. Elle consiste à projeter du sable à haute pression sur le tissu. Cette pratique peut provoquer des maladies respiratoires mortelles chez les ouvriers et ouvrières qui la pratiquent, du fait des poussières respirées.

Teinture : La teinture est l’action de colorer quelque chose grâce à une substance. Pour le jean, la substance principalement utilisée est l’indigo, qui permet de lui donner sa couleur bleue caractéristique. Autrefois, l’indigo était extrait d’un petit arbre appelé l’indigotier. Aujourd’hui, afin de produire des quantités suffisantes et peu coûteuses, l’industrie utilise de l’indigo de synthèse, c’est à dire fabriqué par l’Homme.

Tissage : Le tissage est un ensemble d’actions consistant à entrecroiser les fils pour obtenir du tissu. Ces actions sont de nos jours la plupart du temps réalisées par des machines.

Crédits (juin 2022):
Graphisme: Aimée Blandel et Frédéric Pérat
Contenus scientifiques: Valentine Boutherin et Anouck Chassaing

Sources